4 | 2015Shakespeare au XIXe siècle

Sous la direction de Gisèle Venet et Line Cottegnies

Les textes publiés dans ce numéro de la revue Atlantide sont presque tous issus de communications prononcées lors d’un atelier du congrès de la Société française Shakespeare organisé en avril 2014 pour célébrer le 450e anniversaire de la naissance de Shakespeare. Cet atelier, intitulé « C’est shakespearien ! Fortune critique d’un lieu commun en France de 1820 à nos jours » s’était intéressé à l’histoire de ce topos et à sa présence obsessionnelle tant dans les biographies de Shakespeare que dans des traductions ou adaptations de son œuvre. Tout aussi pertinents pour notre propos étaient les résurgences de personnages de Shakespeare dans la conception de personnages romanesques du XIXe siècle français, ou l’effacement même de la référence shakespearienne dans la musique inspirée de cette œuvre. Chacune à leur façon, les études ici réunies témoignent de la présence shakespearienne dans la création littéraire et lyrique au XIXe siècle : discrète ou explicite, niée ou exhibée, la référence à Shakespeare n’est jamais totalement assimilée — elle fait résistance, opposant son noyau d’opacité aux métamorphoses les plus extrêmes qu’on cherche à lui faire subir. C’est peut-être dans ce reste que se niche, justement, ce qui est « shakespearien » : une certaine idée que chaque génération se fait du « génie ».

The articles of this issue of the journal Atlantide almost all derive from a workshop held at the Conference of the Société Française Shakespeare in April 2014 held to celebrate the 450th anniversary of Shakespeare’s birth. This workshop, entitnled: « It’s Shakespearean! The critical fortune of a commonplace in France from 1820 », looked at the history of this topos and its obsessive presence both in biographies of Shakespeare and in translations or adaptations of his works. Equally relevant for our purposes were the resurgences of Shakespearean characters in the conception of nineteenth-century French novelistic characters, and the very erasure of the Shakespearean reference in musical works inspired by his plays. Each in its own way, the studies gathered here bear witness to the presence of Shakespeare in nineteenth-century literary and lyrical creation. Discreet or explicit, denied or exhibited, the reference to Shakespeare is never fully assimilated; it resists, opposing its core of opacity to the most extreme metamorphoses that authors seek to subject it to. It is perhaps in this residue that the essence of what 'Shakespearean' is lies: a certain idea that each generation has of 'genius'.

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