Les dominicains du Mato Grosso (XIXe-XXe siécles) : de l’esprit missionnaire à la littérature

DOI : 10.56078/atlantide.1051

Resúmenes

À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les dominicains fondent un certain nombre de missions en Amazonie, plus précisément le long du fleuve Araguaia, dans le Mato Grosso. Le siège de l’ordre se trouvant à Toulouse, ces postes avancés sont régulièrement visités par les Frères Prêcheurs français. Plusieurs ont laissé des témoignages de leur passage ; on s’attachera ici à trois d’entre eux, dont les récits de voyage s’échelonnent entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe : Étienne-Marie Gallais, Marie-Hilaire Tapie et Maurice Lelong. Cette comparaison voudrait montrer comment, à partir de séjours strictement « professionnels », la littérature s’invite peu à peu dans les publications de ces ecclésiastiques, de façon subreptice d’abord, puis de plus en plus marquée. Il ne s’agira pas tant d’étudier le contenu de ces textes que d’être attentif aux stratégies éditoriales et aux postures auctoriales par lesquelles cette présence du littéraire devient sensible.

In the second half of the 19th century, the Dominicans started founding several foreign missions in Amazonia, in particular in the Araguaia River territory: Mato Grosso, Brazil. Because the order was based in Toulouse, French Dominican missionaries were routinely sent to visit these outposts. Many of them have left some records of their trips there. This study will focus on three examples among many others, written between the 1890s and the 1950s by Étienne-Marie Gallais, Marie-Hilaire Tapie and Maurice Lelong. This comparison aims at showing how, beyond the purely « professional » objective of their travels, literature finds its way into the narratives of these men of God. The point here is not to study the contents itself of the texts, but rather to look into the publishing strategies and the authorial stances that ends up giving a genuine literary quality to these publications.

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A l’époque classique, les récits de voyageurs ecclésiastiques construisaient une part non négligeable de l’image du Brésil en Europe. Même si elles n’étaient pas en situation de monopole, ces « relations » de voyage étaient cependant nombreuses, variées, et leur souci d’édification s’adossait au désir de faire connaître, de montrer la réalité qu’ils découvraient de l’autre côté de l’Atlantique. On fera l’hypothèse que cette importance symbolique tend à s’éroder au cours du temps. Peu à peu, au XIXe siècle, puis de manière plus sensible au XXe, ces récits sont moins présents, et apparaissent bien plutôt comme des survivances du passé. D’autres discours, en effet, ont pris le relai : ceux des scientifiques évidemment, mais aussi des aventuriers et des explorateurs, sans oublier journalistes et hommes de lettres en tournée de conférences. Qu’ils le veuillent ou non, cette situation nouvelle, contemporaine des effets de la déchristianisation en Occident, pose un certain nombre de problèmes aux voyageurs religieux, et les pousse à adopter des solutions.

Cet article voudrait s’attacher au cas exemplaire des dominicains du Mato Grosso. Les dominicains sont présents en Amérique du Sud depuis le XVIe siècle1. Ils sont arrivés à peu près en même temps que les autres ordres religieux européens (jésuites, bénédictins, etc.). L’enseignement étant pour eux étroitement associé à la prédication, l’esprit missionnaire est littéralement situé au cœur de l’ordre, l’évangélisation une de ses pierres de touche ; ce n’est pas pour rien qu’on les appelle aussi les Frères Prêcheurs. De sorte que les dominicains ont ensuite essaimé au Brésil ; ils se sont rapidement répandus et établis dans l’ensemble du pays, et plus largement en Amérique du Sud.

À partir de la seconde moitié du XIXe siècle, l’ordre de saint Dominique a fondé un certain nombre de missions en Amazonie, plus précisément dans le Mato Grosso. Le hasard fait bien les choses ; dans une même zone géographique, des religieux semblables nous ont laissé un certain nombre de textes, et ce sur une chronologie assez courte. Il convient en effet de souligner le dynamisme des missions dominicaines à la fin du XIXe siècle : la province de Toulouse (c’est dans cette ville que saint Dominique, rappelons-le, a fondé l’ordre au XIIIe siècle2) envoie des missionnaires, puis des « visiteurs » dans une région du Brésil central, là où se constitue peu à peu tout un réseau de postes avancés, parfois dans des villes, parfois dans des coins très isolés.

À l’est, l’axe majeur de cette région est constitué par le fleuve Araguaia (plus de 2600 kilomètres), dont le bassin traverse, du sud au nord, les États (actuels) de São Paulo, Goiás, Mato Grosso, Tocantins et Pará. Pour rejoindre l’Araguaia, le voyageur devait autrefois passer par Ribeirão Preto, puis gagner Uberaba, Goiás et Leopoldina, ville située sur l’Araguaia. Le fleuve coule alors plein nord, et rejoint le Tocantins à plus d’un millier de kilomètres. Mais il se sépare d’abord en deux bras se rejoignant 300 kilomètres plus loin, pour former ainsi l’île de Bananal, la plus grande île fluviale du monde. Si le voyageur poursuit sa route, il parvient ensuite à Conceição do Araguaia, puis beaucoup plus au nord, au niveau de São João do Araguaia, il est rejoint sur sa droite par le Tocantins. Cette immense région était habitée par plusieurs tribus indiennes connues depuis longtemps, mais dont le degré de contact avec les Blancs était variable : Tapirapés, Kayapos, Xavantes, Xerentes, Karajás3. Ces derniers sont ceux que les missionnaires dominicains ont entrepris de convertir ; ils sont incontestablement les « personnages principaux » de leurs récits de voyage.

Ces postes avancés sont régulièrement visités par les Frères Prêcheurs français. Plusieurs ont laissé des témoignages de leur passage ; on s’attachera ici à trois d’entre eux, dont les textes s’échelonnent entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe : Étienne-Marie Gallais, Marie-Hilaire Tapie et Maurice Lelong. Cette comparaison voudrait montrer comment, à partir de séjours strictement « professionnels », la littérature s’invite peu à peu dans les publications de ces ecclésiastiques, de façon subreptice d’abord, puis de plus en plus marquée.

L’historienne Claire Pic a consacré récemment un travail de recherche à ces missions dominicaines4. Le propos du présent article ne redouble pas le sien ; il consiste à étudier comment évolue le statut de l’écrivain religieux dans un cas précis, celui des missions, c’est-à-dire au plus près des fidèles et dans un espace isolé – la question se posant différemment dans les villes. De même, le matériau spécifique de ces récits (images de l’Amazonie, des Indiens, difficultés de la catéchèse) ayant été analysé par ailleurs, on n’y reviendra pas5. Il ne s’agira pas tant d’étudier le contenu de ces textes que d’être attentif aux stratégies éditoriales et aux postures auctoriales par lesquelles cette présence du littéraire devient sensible. À ce titre, une attention toute particulière doit être portée au péritexte de ces ouvrages (titres, sous-titres, préfaces, quatrièmes de couverture, dédicaces et mentions diverses), car c’est à partir de ces éléments que l’on peut comprendre comment s’effectue la métamorphose, si l’on peut dire, depuis les balbutiements de la fonction auteur à l’assomption de la littérature6.

La démarche se veut résolument chronologique, fondée sur une comparaison entre ces auteurs. Pour scolaire qu’elle puisse apparaître de prime abord, on s’apercevra qu’elle est pourtant logique, car le passage d’un missionnaire à l’autre est très sensible. Cette chronologie est aussi une progression logique, voire dramatique. Elle permet de mieux mettre l’accent sur les trois aspects formant l’axe directeur de l’ensemble : les choix éditoriaux (peut-on parler de stratégie ?) ; la figure de l’auteur (peut-on parler de posture ?) ; l’importance des préfaces (peut-on parler de littérature ?).

1.  Étienne-Marie Gallais ou le degré zéro de l’écriture missionnaire

Né en Mayenne en 1851, François-Pierre Gallais (Étienne-Marie en religion) devint novice en 1872 ; il fit ensuite ses études au couvent de Saint-Maximin dans le Var, et fut ordonné prêtre en 1877. Établi à Salamanque à partir de 1880 (à la suite de l’expulsion des dominicains de Saint-Maximin), il se rend une première fois au Brésil en 1887 comme visiteur de la province de Toulouse. Il y retourne durant sept mois de juin 1892 à janvier 1893, mais cette fois comme prieur provincial. En 1900, nouveau séjour, toujours en tant que prieur provincial. Enfin, réélu pour la quatrième reprise en 1906, il se rend une dernière fois au Brésil en janvier 1907. Il décèdera à Formosa, dans l’actuel État de Goiás, en décembre de la même année7.

Étienne-Marie Gallais a publié un certain nombre de textes non consacrés au Brésil, qui relèvent de ses charges professionnelles au sein de l’ordre : des brochures d’édification ou bien des instructions données à ses frères et sœurs en religion sous forme de « lettres » circulaires d’une trentaine de pages8. De toute évidence, c’était un ecclésiastique consciencieux, pleinement engagé dans sa vocation et dans son ministère.

Ses écrits sur le Mato Grosso en témoignent aussi. Étienne-Marie Gallais a laissé une relation de son voyage de 18939, une seconde brochure en 190210, et surtout, peu avant sa mort, une biographie de Jules (en religion Gil) Vilanova, autre dominicain, qui fut le premier titulaire en 1891 de la mission de Conceição do Araguaia11. Les deux écrits de 1893 et 1902 s’apparentent, par leurs aspects techniques, aux rapports professionnels dont il a été question ci-dessus. Le récit de la vie de Gil Vilanova est par conséquent le seul véritable livre de Gallais, qui avait jusque-là publié surtout des brochures.

Ce qui frappe d’emblée dans ces trois ouvrages « brésiliens », c’est la parenté des titres : une mission / une catéchèse / un missionnaire. L’insistance est mise sur le référent religieux : pas de risque de s’y tromper ! Dans tous les cas, les titres choisis sont peu « vendeurs » et peu spectaculaires (on soulignera le caractère interminable de celui de 1893 !). Tout au plus doit-on signaler une légère dramatisation progressive, qui précise en même temps la géographie : la première mission se déroule « au Brésil » ; la seconde spécifie le lieu (l’Araguaia) et mentionne les Indiens ; le troisième opus transforme ceux-ci en « sauvages », le pluriel s’opposant au singulier du « missionnaire ». Ces textes étant publiés chez des éditeurs confessionnels, ils semblent viser un public spécifique, catholique en l’occurrence, à qui l’on demande de s’intéresser à l’œuvre des missions en Amérique de Sud, voire, dans le dernier ouvrage, de s’apitoyer sur la figure exemplaire de Gil Vilanova.

Un missionnaire chez les sauvages de l’Araguaya, au Brésil mérite qu’on s’y attarde un peu. Ne serait-ce que par ses dimensions et sa composition (plus de 400 pages), le texte s’organise comme un vrai livre, bien différent de ce que Gallais avait écrit jusque-là. Mais surtout, il apparaît comme une espèce de récit hagiographique. Par son ampleur, d’une certaine façon par son souffle, la biographie de Gil Vilanova renvoie à un genre mixte : la vie de saint. Gallais retrace en effet les étapes marquantes de la trajectoire de son héros, depuis sa naissance à Marseille en 1851, jusqu’aux détails les plus circonstanciés de sa mission en Amérique du Sud, sans oublier sa mort presque en martyr à Itaboca le 4 mars 1905. En cela, le texte n’est pas sans modèles ; il résonne, si l’on peut dire, avec l’incontestable recrudescence de la foi catholique à la fin du XIXe siècle : développement des pèlerinages (Lourdes, La Sallette), conversions spectaculaires, notamment chez les artistes et les intellectuels (Bloy, Huysmans, Maritain) et récits de la vie de saints, missionnaires ou pas (le curé d’Ars, le père de Foucauld).

Il faut donc noter ici ce glissement insensible, depuis le rapport professionnel, obligé, vers un genre certes religieux, mais qui est aussi un genre littéraire. De fait la vie de Gil Vilanova se lit comme un roman ; on n’aurait aucun mal à repérer dans l’ouvrage un certain nombre de topoï des récits de voyage en Amazonie : épisode des garimpeiros, ou chercheurs de diamants, rencontre avec des animaux sauvages (serpent, tapir), navigation difficile sur le fleuve12. Ces anecdotes font partie de ce qu’on peut appeler le « cahier des charges » de tout voyage en Amazonie, et depuis longtemps.

Mais dans le même temps, il faut y insister, l’essentiel c’est l’insensible ; on ne sent pas encore la volonté de faire œuvre littéraire dans ce récit biographique. La discrétion de Gallais en tant qu’auteur y est pour beaucoup. En réalité, lorsque apparaissent des allusions à la littérature, elles sont prises en charge par… le maître général des dominicains qui préface l’ouvrage. Il s’agit d’Hyacinthe-Marie Cormier (1832-1916, maître général à partir de 1904). Dans sa courte préface, il insiste, comme on peut s’y attendre, sur le caractère édifiant du texte, et souhaite qu’il suscite des vocations de missionnaires. Mais il ajoute aussi :

une fois la lecture commencée on est saisi, contraint de poursuivre, et l’on se demande si c’est un roman ou un drame ; et pourtant, c’est simplement de l’histoire, écrite sans emphase, avec un accent véridique, mais avec un grand charme, parce qu’elle est écrite avec le cœur.13

La discrétion d’Étienne-Marie Gallais est incontestable. Son récit se veut sans « fioritures », comme le révèlent l’entame et la conclusion, toutes deux abruptes. Aucune introduction ne précède la naissance du futur missionnaire ; aucun commentaire ne succède à sa mort, comme si cette vie exemplaire se suffisait à elle-même et ne nécessitait pas de leçon tirée par un « auteur » omniscient. Mieux : tout au long du texte, Gallais se cache derrière son héros au point de disparaître en tant que narrateur. Alors que, on le sait, Vilanova et Gallais se connaissaient fort bien ; strictement contemporains, ils ont été condisciples au couvent de Saint-Maximin et tout porte à croire qu’ils étaient amis. Sans doute la vocation missionnaire en terre brésilienne leur est-elle venue à cette époque. Et l’on notera que, par une étrange ironie du sort, tous deux sont morts au Brésil, à deux ans d’intervalle. Autre hypothèse, par conséquent : il n’est pas impossible que l’attitude de Gallais, sa réserve, sa compassion muette, soient une espèce d’hommage, tant au missionnaire martyr qu’à l’ami disparu.

2. Marie-Hilaire Tapie ou les prémices de la fonction auteur

Né en 1855, Hilarion Tapie (Marie-Hilaire ou Marie-Hilarion en religion), est de la même génération que Gallais et Vilanova (il les a connus tous deux), mais ses récits de voyage ont été publiés plus tardivement. Né dans le Béarn, il fut ordonné prêtre en 1880, et devint prieur provincial à partir de 1908. Lui aussi se rendra quatre fois au Brésil : tout d’abord en 1911-1912 et en 1918, puis, après une dizaine d’années au cours desquelles il fait publier ses récits de voyage, il y retourne en 1927 pour fonder un couvent à Rio de Janeiro, et l’année suivante encore comme dirigeant de cet établissement. Fatigué, en proie à des problèmes de santé, il rentre alors en France pour un court séjour, et contracte une étrange maladie qui lui rend toute lecture impossible et le condamne à l’inactivité. Il mourra en 1939 au couvent de Biarritz.

Comme tous ses prédécesseurs ayant exercé les fonctions de prieur provincial, Tapie se doit de produire des rapports ; c’est ce qu’il fait et le Brésil n’échappe pas à la règle14. Mais ce qui attire l’attention chez lui, c’est incontestablement le traitement réservé par ailleurs à son premier contact avec l’Amérique du Sud. Il s’agit du voyage de 1911, à travers les petites villes du Mato Grosso et les établissements dominicains. Parti d’Uberaba le 9 mars, Tapie voyage en pirogue, à pied ou à dos de mule, vers Bela Vista, puis Goyaz, Leopoldina, l’île de Bananal, Barreira do Campo, Conceição do Araguaia (premier volume) ; puis Porto Nacional, Descoberto, Formosa, Catalão et Araguari, où il parvient le 31 août. De là, un chemin de fer le ramène à Uberaba, puis à Rio de Janeiro (second volume).

Les deux ouvrages relatant cette première expédition dans le Mato Grosso, le long de l’Araguaia, ont été publiés en trois moments. Tout commence en 1913 avec Feuilles de route d'un missionnaire au centre et au nord du Brésil et chez les Peaux-rouges de l'Araguaya et du Tocantins, qui sort à Toulouse, chez Privat, en un seul volume semble-t-il. Quelques années plus tard, Tapie fait republier le texte en deux tomes chez un petit éditeur de Montpellier (Manufacture de la Charité, 1921) sous un titre assez proche : Feuilles de route d’un missionnaire chez les peaux-rouges15. Mais par la suite, tout change. Il les republie chez Plon, en scindant plus franchement les deux volumes, et en leur donnant des titres bien différents : Chez les peaux-rouges (1926) et Chevauchées à travers déserts et forêts vierges du Brésil inconnu (1928). Comme on peut le voir, les deux premiers éditeurs sont confessionnels et situés en province. Mais avec la Librairie Plon, la « stratégie » est modifiée ; Tapie publie chez un grand éditeur parisien, qui, dans l’entre-deux-guerres, est de surcroît un des grands éditeurs de littérature de voyage.

L’étude des titres fait apparaître clairement l’évolution par rapport à Gallais et par rapport à eux-mêmes ; ces titres sont en effet de plus en plus accrocheurs, plus « vendeurs » aussi, et surtout ils mettent progressivement la religion à distance. En 1913, Tapie insiste fortement sur le référent géographique (très précis) ; il souligne le statut de l’auteur comme missionnaire et met l’accent sur le voyage. En 1921, le propos se concentre sur l’aventure, mais il est toujours question d’un missionnaire, comme une espèce de garantie confessionnelle ; en 1926 et 1928, celui-ci a été éliminé et, si l’on se limite aux titres, on n’a plus l’impression qu’il s’agit de missions. L’aventure prévaut, avec sa dose attendue de risques et de périls au milieu des « peaux-rouges ».16 Les illustrations de couverture vont d’ailleurs dans ce sens : un Indien tirant à l’arc (Chez les peaux-rouges), un paysage exotique stylisé (Chevauchées…). Gageons que ces images auraient semblé quelque peu incongrues à Étienne-Marie Gallais.

Certes, dans la préface de Chez les peaux-rouges, Tapie corrige un peu le tir. Il rappelle que le voyage a bénéficié de l’aide des « Pères Dominicains » présents dans la région, et insiste sur les aspects non littéraires, donc religieux, de son entreprise. Mais il n’empêche : c’est le « récit accidenté d’un long et périlleux voyage » que nous allons lire ; comment ne pas s’attendre à du romanesque ? Pourtant, Tapie prévient le lecteur : l’ouvrage va à l’encontre de « ce qu’on voit dans les romans ou au cinéma ». L’objet premier est descriptif : montrer ces fameux « peaux-rouges » du Mato Grosso. Ils forment en effet le motif principal de la préface ; et l’on notera qu’ils donnent lieu immédiatement à une anecdote (maîtrise d’un Indien pêchant un poisson à l’arc), donc à un récit qui a toutes les apparences du réel… sans que nous ayons aucun moyen de le vérifier. La conclusion de cette petite préface est semblablement partagée entre protestations de stricte observance réaliste et allusions à de possibles dérives littéraires : Tapie évoque des « péripéties extraordinaires », mais aussi le souci de la vérité ; il se défend d’avoir fait de la littérature mais plutôt de la photographie. Enfin, il termine sur le vœu de susciter des vocations missionnaires, tout en affirmant avoir voulu en même temps « instruire et intéresser ». La description du réel permet d’instruire ; mais le lecteur peut se poser la question : suffit-elle à intéresser, ou ne faut-il pas ajouter quelques petits « coups de pouce » du côté de la fiction ?

Deux ans plus tard, Chevauchées… est donc la « suite » de Chez les peaux-rouges, et raconte le voyage du retour. Ce qui frappe immédiatement dans la préface, c’est la prise en compte du succès de librairie du livre précédent, « auquel on a fait un accueil si bienveillant, comme le prouvent les nombreuses rééditions épuisées en quelques mois »17, affirme benoîtement Tapie. De là à penser que ce succès a eu sa part dans le projet de donner une suite… Presque naïvement, le missionnaire ajoute que Chevauchée est encore « plus fertile en péripéties ». En prise directe sur l’actualité (citant même un article de presse à l’appui), il reproduit la nouvelle d’une expédition en difficulté au Pará en 1928 : comme quoi les risques sont bien réels ; et le texte souligne d’ailleurs que les régions amazoniennes se ressemblent : cela aurait pu arriver à Tapie… La fin de la préface souligne, plus nettement que dans Chez les peaux-rouges le caractère « extraordinaire » de certaines aventures, tout en précisant que rien n’a été inventé ; mais contrairement à la première partie, il n’est plus fait ici aucune allusion à la vocation missionnaire.

L’allusion aux dangers réels d’une expédition dans le Mato Grosso, au début du XXe siècle, n’est pas seulement littéraire. Il faut en effet rappeler le courage de ces hommes, qui voyageaient dans des conditions extrêmement difficiles (à pied, en pirogue ou à dos de mule), dans un environnement hostile (maladies, climat) et qui, au sens premier du terme, risquaient effectivement leur vie. Gallais et Vilanova sont bel et bien morts à la tâche, comme on l’a vu. Dans le cas de Tapie, il faut rester conscient de cela : la maladie qui causera son décès a probablement été contractée au cours d’un de ses séjours en Amérique du Sud. Mais d’un autre côté, on sent bien chez lui les prémices d’un glissement de la littérature missionnaire édifiante vers la littérature de voyage. Pour le meilleur et pour le pire ? La tradition orale des dominicains de Toulouse a d’ailleurs mis en cause certains aspects des récits de voyage de Marie-Hilaire Tapie ; il s’est bien rendu dans ces régions du Brésil, sans aucun doute, mais aurait inventé certains épisodes…

3.  Maurice Lelong, un prêtre mondain ?

Avec Maurice Lelong (Marie-Hyacinthe en religion), nous changeons aussi d’époque. Né dans l’Aisne en 1900, d’origine modeste, ce dominicain fit ses études de théologie au couvent du Saulchoir, et devint prêtre en 1927. Grand voyageur, il parcourt l’Afrique noire et le Maghreb au cours des années 1930-1940, et en tire plusieurs livres, notamment sur le Sahara ; l’Afrique restera de manière sensible son domaine de prédilection. Il séjourne cependant au Brésil et en Argentine en 1947-1948. Ce voyage lui inspirera quatre ouvrages, les deux premiers consacrés au « cône sud » (En Patagonie et en Terre de Feu, 1950), et au Brésil en général (Symphonie brésilienne, 1951), les deux autres centrés sur le fleuve Araguaia et les Indiens Karajás (Les Indiens qui meurent, 1952 ; Le Fleuve des Carajas, 1953), dont il prend fermement la défense. L’impression est forte, d’une espèce de « tir groupé » en quatre ans, comme pour épuiser le sujet, ou exploiter une veine. D’autant que certains textes ne se limitent pas au terrain des missions qui était celui de Gallais et Tapie : Symphonie brésilienne par exemple comporte des chapitres sur d’autres régions du Brésil, y compris urbaines comme Rio de Janeiro ou São Paulo.

Homme de plume et de radio, Maurice Lelong est l’auteur d’une œuvre abondante et variée (sa bibliographie exhaustive est difficile à reconstituer), qui peut être divisée en quatre domaines, ce qui constitue une première différence avec ses prédécesseurs : des textes religieux d’abord, évidemment. Mais il faut remarquer que, très tôt, l’écriture est chez lui associée à des interventions à la radio, dès l’entre-deux-guerres. Maurice Lelong est de ces ecclésiastiques qui ont compris assez rapidement comment l’utilisation des moyens de communication les plus modernes pouvait être mise au service du message évangélique ; ses conférences et causeries à la radio ont souvent été publiées en parallèle avec ses écrits religieux, qu’elles accompagnent ou complètent. La polémique ensuite, notamment dans la presse ; il fut pendant longtemps un collaborateur régulier de la revue Témoignage chrétien, où il batailla par exemple dans les années 1950 contre la réforme dite Vatican II. Maurice Lelong est également l’auteur d’essais littéraires. Et ce dès 1928, où il publie une petite brochure en hommage à Jacques Rivière. Puis dans les années 1950, où il donne à l’éditeur catholique Robert Morel une série de diverses Célébrations consacrées à des objets souvent tirés de la tradition religieuse (mais parfois un peu à la marge…), comme le pain, le vin, le miel, le fromage, le cimetière, le fumier, l’âne, l’andouille. Il a même écrit, un peu plus tard, un livre sur les jurons et les gros mots (1965). Enfin des récits de voyage ; là encore, l’écart qui le sépare de Gallais et de Tapie est sensible, puisque plusieurs espaces géographiques sont ici concernés : l’Afrique à partir de 1936 (où il a habité, du reste) ; le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient ; enfin l’Amérique du Sud comme on l’a vu.

Ce qui frappe aussi, c’est la variété des éditeurs chez lesquels il publie : confessionnels, laïcs, parisiens, provinciaux, ayant ou non pignon sur rue. À cet égard, il faut souligner sa collaboration régulière avec Julliard, qui, dans les années d’après-guerre, concurrence Plon sur le marché de la littérature de voyage : Lelong publie notamment dans la collection La Croix du Sud, spécialisée dans le récit de voyage et l’aventure. On y trouve par exemple les livres de l’explorateur polaire Paul-Émile Victor (1907-1995), ou ceux du jeune Raymond Maufrais (1926-1950), disparu peu de temps auparavant dans la jungle guyanaise.

Parmi les indices montrant que la littérature commence à s’imposer dans les ouvrages de Maurice Lelong, on peut observer le statut du nom d’auteur. Le prénom en religion, Marie-Hyacinthe, n’apparaît en effet jamais tel quel en couverture, mais toujours sous sa forme abrégée (M.-H.) ; le prénom civil de Lelong est présent, lui, tantôt sur le dos, tantôt sur la page de premier titre. Certes, l’usage des prénoms « en religion » disparaît précisément au cours des années 1950. Mais celui d’Hyacinthe jouit d’un grand prestige chez les dominicains18. Or, Maurice Lelong a choisi de rendre cette référence invisible. Pourquoi ? On fera l’hypothèse que, au milieu du XXe siècle, « Marie-Hyacinthe », par ses connotations un peu surannées, ne « colle » plus très bien avec la figure d’un missionnaire de combat qui parcourt le monde et en tire des livres… En même temps, le prénom religieux n’est pas complètement invisible : les initiales intriguent et demandent une explication. Si le lecteur le souhaite, il peut toujours se renseigner et retrouver l’ecclésiastique derrière le voyageur.

Ce n’est pas tout. Les ouvrages de Maurice Lelong s’adressent aussi au lecteur cultivé. Chez Étienne-Marie Gallais, il n’y avait quasiment pas de citations. Quant à Marie-Hilaire Tapie, il en faisait un usage parcimonieux : ainsi, dans la préface de Chevauchées… n’apparaissaient que deux courtes citations latines, non traduites de surcroît : l’une extraite de la Bible, l’autre de Virgile. Cette proportion se retrouvait dans la suite de ses récits. Chez Lelong, citations et allusions culturelles sont omniprésentes : presque tous les chapitres en sont émaillés, et de plus, ceux-ci comportent le plus souvent des épigraphes ; elles sont un des modes par lesquels la littérature prend le pas sur l’édification.

Les avant-textes de ces ouvrages appellent eux aussi la comparaison avec ceux de Tapie. Quelle différence en effet ! Les préfaces de Lelong sont largement développées, et surtout, la littérature y émerge de façon beaucoup plus nette. Dans Le Fleuve des Carajás, l’introduction de sept pages commence avec une épigraphe empruntée à Paul Claudel (religieuse tout de même ! l’Introduction au Livre de Ruth). Elle se poursuit avec un accent mis, sans aucune hésitation, sur différents genres littéraires et modalités rhétoriques, par rapport auxquels le récit entend se situer (nous soulignons) :

Le journal de voyage n’échappe pas à plusieurs inconvénients. Alors que l’exposé didactique, plus prétentieux au fond que le témoignage personnel, donne l’illusion d’épuiser le sujet, la notation au jour le jour des choses et des événements risque de réduire à l’anecdote, dans l’esprit du lecteur paresseux, ce qui a bel et bien un intérêt général. Il faut reconnaître, d’autre part, l’avantage de la forme romancée qui permet de tenir le public en haleine, tandis qu’avec le narrateur qui s’exprime à la première personne, on sait à l’avance que l’issue sera heureuse, sans quoi il n’y aurait là personne pour raconter l’histoire !

Que penser de cette confrontation ? Si l’on ajoute qu’immédiatement, Lelong fait preuve d’humilité en soulignant que, dans la région visitée, il est loin d’être le premier à parler des Indiens de l’Araguaia, tout porte à croire que son apport tient à la manière dont il va en parler ; tenant compte des formes diverses que peut prendre un récit, il entend innover, ce qui nous vaut, un peu plus loin, un surprenant aveu d’orgueil littéraire : « Le présent essai ne veut être qu’un témoignage qui apporte peut-être une note assez nouvelle, au moins dans la littérature française. »

Cette fausse modestie se rencontrait déjà chez Marie-Hilaire Tapie, mais de façon nettement moins appuyée. Elle se conforte des références à la littérature, très fréquentes, comme on l’a signalé plus haut. Et bien entendu à la littérature de voyage tout d’abord ; Lelong ne manque pas de mentionner celles et ceux qui l’ont précédé dans la région, des Français comme Henri Coudreau et Rayliane de La Falaise ; des Brésiliens comme Couto de Magalhães19. Mais il ne s’y limite pas et, chemin faisant, apparaissent sous sa plume des phrases de Maurice Barrès, François Mauriac et Rudyard Kipling, des auteurs qui, de près ou de loin, n’ont rien à voir avec l’Amazonie, ni même avec le Brésil.

On ferait de semblables remarques à propos de Symphonie brésilienne. Lelong propose d’emblée deux citations en épigraphe : l’une de Goethe, l’autre de Martim Afonso de Souza (célèbre voyageur portugais du XVIe siècle). Comme on le voit, il prend toujours soin de varier ses références. Il justifie ensuite le titre de l’ouvrage sous la forme d’une prétérition digne de figurer comme exemplaire dans tout bon manuel de rhétorique :

Non, je ne cèderai pas au jeu puéril de découvrir des affinités entre les évocations qui se succèdent ici et les phases de la symphonie classique. Il est bien certain que si le rythme de la capitale de la samba est celui d’un allegro, l’air de l’intérieur, que nous avons essayé de traduire, est empreint de la gravité et de la tristesse de l’adagio. Le style badin et léger du scherzo correspond évidemment aux tableautins de l’avant-dernière partie, et le terme de final est venu si naturellement que nous nous sommes permis de le retenir…

Bien entendu, les citations au fil de la plume ne sont pas oubliées, comme celle fort célèbre d’Amerigo Vespucci : « Si le paradis terrestre existe quelque part sur la terre, il ne peut être loin d’ici. » Ni les allusions culturelles. Lelong insiste évidemment sur les photos de Jean Manzon (1915-1990), célèbre photographe français établi au Brésil, dont les clichés illustrent bien des récits de voyage après 1945, notamment les siens. Du reste, la photographie demeure une des garanties que s’est données le voyageur : montrer, faire voir le Brésil tel qu’il est. Mais d’autres allusions sont plus décalées, plus littéraires aussi : « il faudrait le souffle d’Hugo pour ces nouvelles chansons des rues et des bois » déclare ainsi Lelong.

Il termine surtout par ce qu’on peut appeler une citation cryptée, qui résonne étrangement, et d’abord par son apparente humilité. Ayant lui aussi pris des photos au cours de ce séjour brésilien, Lelong fait un peu d’autodérision, conscient de son infériorité dans ce domaine par rapport à Manzon :

Les autres instantanés, d’un intérêt plus documentaire, sont de l’auteur. Comme il n’a aucune raison de s’en montrer particulièrement fier, il reprendrait volontiers à son compte, en le transposant, le mot du poète à qui l’un de ses amis annonçait qu’il avait composé de la musique sur l’un de ses poèmes : “Tiens ! je croyais pourtant l’avoir mise moi-même.”

Le lecteur cultivé (mais quid des autres ?) identifie rapidement ce « mot » assez connu de Mallarmé (le poète) à Debussy (le musicien), à propos de Prélude à l’après-midi d’un faune (1894). Mais du même coup, les allusions finissent par s’éloigner du Brésil, et même du motif du voyage, sans parler de la vocation missionnaire. Lelong pratique de toute évidence le genre du récit de voyage lettré. Tout se passe, désormais, comme si la mission ne pouvait se dire autrement que par la littérature ; mais de fait peut-être la littérature a-t-elle pris le dessus sur la mission ?

En tout état de cause, le bénéfice symbolique de ce processus s’est avéré largement payant : contrairement à ses prédécesseurs, Maurice Lelong est présent dans plusieurs encyclopédies et bases de données ; il est le seul des trois, par exemple, à disposer d’une notice en ligne (incomplète cependant) sur l’encyclopédie participative Wikipédia.

Mais que signifie, plus sérieusement, cet affleurement progressif de la littérature dans des textes qui n’étaient pas supposés s’y adonner ? Au-delà d’une interprétation psychologique assez plate (la vanité d’auteur) ou métaphysique (le vicaire de Dieu, n’est-il pas toujours un peu tenté par la création ?), il y a peut-être une volonté inconsciente de compensation symbolique de la part de ces prêtres. Le recul de la christianisation à l’époque moderne a pour corollaire une « mise en concurrence » accrue des témoignages de missionnaires sur le marché du récit de voyage. Face à ce processus doivent s’élaborer des stratégies, plus ou moins perçues, de subsistance ou de survivance. Au bout du compte, une évidence finit par s’imposer : quand le monde rattrape la foi, le religieux se met de temps à autre à flirter avec le temporel.

Bibliographie « brésilienne » des dominicains

François-Pierre Gallais [Étienne-Marie] (1851-1907) 

  • Une mission dominicaine au Brésil : Rapport présenté au révérendissime Père Fr. André Frühwirth, Maître Général de l'Ordre des Frères Prêcheurs, par le R. Père Provincial de la Province de Toulouse à la suite de la Visite Canonique des couvents d'Uberaba, Goyaz et Porto-Nacional, Marseille, Imprimerie Marseillaise, 1893.

  • Une catéchèse chez les indiens de l'Araguaya (Brésil), Toulouse, Imprimerie Vialelle et Perry, 1902.

  • Le P. Gil Vilanova, des Frères prêcheurs. Un missionnaire chez les sauvages de l'Araguaya, au Brésil, Toulouse, Privat, 1906, 432 p.

Marie-Hilaire Tapie [Hilarion ou Marie-Hilarion] (1855-1939) 

  • Feuilles de route d'un missionnaire au centre et au nord du Brésil et chez les Peaux-rouges de l'Araguaya et du Tocantins, Toulouse, Privat, 1913.

  • Visite canonique et statistique de la mission dominicaine du Brésil, 1911-1919, Toulouse, Privat, 1919, 56 p.

  • Feuilles de route d'un missionnaire chez les Peaux-rouges, Montpellier, Manufacture de la Charité, 1921, 2 volumes.

  • Chez les peaux-rouges, Paris, Librairie Plon, 1926.

  • Chevauchées à travers déserts et forêts vierges du Brésil inconnu, Paris, Librairie Plon, 1928.

Maurice Lelong [M.-H.] (1900-1981) 

  • En Patagonie et Terre de Feu, Paris, Julliard, La Croix du Sud, 1950.

  • Symphonie brésilienne, Paris, Frédéric Chambriand, 1951.

  • Les Indiens qui meurent, Paris, Julliard, La Croix du Sud, 1952.

  • Le Fleuve des Carajás, Paris, Julliard, La Croix du Sud, 1953.

Notas

1 Voir notamment Gabriel Jacquemet (dir.), Catholicisme hier, aujourd’hui, demain, Paris, Letouzy & Ané, 1956. Bartolomé de Las Casas est une des grandes figures de l’ordre en Amérique latine.

2 Marie-Humbert Vicaire, Histoire de saint Dominique, Paris, Éditions du Cerf, 2004. Voir aussi la revue Cahiers de Fanjeaux (Toulouse, Privat), notamment Les Mendiants en Pays d'Oc au XIIIe siècle, n8 (1973, réédité en 1995) ; L'Ordre des Prêcheurs et son histoire en France méridionale, n36 (2001).

3 Nous adoptons les graphies actuelles, mais conservons l’orthographe ancienne dans les titres cités (Carajás, Araguaya).

4 Claire Pic, Les dominicains de Toulouse au Brésil (1881-1952) : de la mission à l’apostolat intellectuel, Université de Toulouse 2 Le Mirail, 2014.

5 Voir notamment Régis Tettamanzi, Les Écrivains français et le Brésil. La construction d'un imaginaire, de La Jangada à Tristes tropiques, Paris, L'Harmattan, 2004, notamment p. 174-178.

6 Les préfaces étant toutes assez brèves, on s’est permis de ne pas indiquer la pagination, afin de ne pas surcharger cet article de notes inutiles.

7 Voir notamment [R. Garaud O. P.] Le T.R.P. Étienne-Marie Gallais, des Frères Prêcheurs, Provincial de la province de Toulouse, 1851-1907, Marseille, 1908, 42 p. ; également É. Laueière, « Le T.R.P. Gallais (1851-1907) et son œuvre missionnaire », La Vie dominicaine, 5e année n° 7, juillet 1939, p. 219-226 ; n° 9 septembre 1939, p. 285-290.

8 Par exemple Le Décalogue des Sœurs Converses, Toulouse, Imprimerie Vialelle et Perry, [s.d.], 39 p. ; Amour et connaissance de Notre-Seigneur Jésus-Christ : Lettre du P. Provincial aux religieux de la Province de Toulouse des Frères-Prêcheurs, Toulouse, Imprimerie Vialelle et Perry, 1897, 26 p. ; La Science de Jésus crucifié, Saint Laurent-sur-Sèvre, Imprimerie L.-J. Biton, 1898.

9 Étienne-Marie Gallais, Une mission dominicaine au Brésil. Rapport présenté au R.P.fr. André Frühwirth, maître général de l’ordre des Frères Prêcheurs, par le R. père provincial de la province de Toulouse, à la suite de la visite canonique des couvents d’Uberaba, Goyaz et Porto-Nacional, Marseille, Imprimerie marseillaise, 1893, 62 p.

10 Étienne-Marie Gallais, Une catéchèse chez les indiens de l'Araguaya (Brésil), Toulouse, Imprimerie Vialelle et Perry, 1902, 52 p.

11 Étienne-Marie Gallais, Un missionnaire chez les sauvages de l’Araguaya, au Brésil, Toulouse, Privat, 1906, 432 p.

12 Étienne-Marie Gallais, Un missionnaire chez les sauvages de l’Araguaya, au Brésil, op. cit., par exemple p. 128 sq., 237, 325 sq.

13 Ibid., p. 6.

14 Marie-Hilaire Tapie, Visite canonique et statistique de la mission dominicaine du Brésil, 1911-1919, Toulouse, Privat, 1919, 56 p.

15 Selon certains, ce titre pourrait avoir inspiré Blaise Cendrars, qui, après son premier voyage au Brésil en 1924, publiera son recueil de poèmes Feuilles de route.

16 L’expression est encore employée, surtout dans la première moitié du XXe siècle, pour désigner les Indiens d’Amérique du Sud, par analogie avec ceux des Grandes Plaines. Elle a ensuite disparu.

17 Nous n’avons pas d’indications de tirage (rappelons que les archives Plon ont brûlé quelques années après). Mais de fait, les ouvrages de Marie-Hilaire Tapie se trouvent encore assez facilement, en ce début de XXIe siècle, sur le marché du livre d’occasion.

18 Hyacinthe de Cracovie (1185-1257) évangélisa la Pologne et d’autres pays nordiques.

19 L’explorateur Henri Coudreau (1859-1899) est notamment l’auteur de Voyage au Tocantins-Araguaya (1897) ; la comtesse R. de La Falaise a vécu plusieurs années dans la région avec son mari (Caraja... Kou ! Trois ans chez les Indiens du Brésil, Paris, Plon, 1939) ; José Vieira Couto de Magalhães (1837-1898) était un militaire et politicien qui explora le Mato Grosso dans les années 1860 ; il est l’auteur de O selvagem (1876).

Para citar este artículo

Referencia electrónica

Régis Tettamanzi, « Les dominicains du Mato Grosso (XIXe-XXe siécles) : de l’esprit missionnaire à la littérature  », Atlantide [En línea], 7 | 2017, en línea desde el 01 mai 2017, consultado el 09 octobre 2025. URL : https://atlantide.pergola-publications.fr/index.php?id=1051

Autor

Régis Tettamanzi

Professeur de littérature française du XXe siècle à l’université de Nantes, ses travaux de recherche sont d’orientation sociocritique ; ils interrogent les relations entre la littérature, l’histoire, les sociétés et l’idéologie. Depuis plus de quinze ans, il travaille notamment sur les représentations du Brésil dans la littérature française contemporaine, domaine auquel il a consacré deux ouvrages (Les Écrivains français et le Brésil, la construction d’un imaginaire de La Jangada à Tristes tropiques, 2004 ; Le Roman français et l’histoire du Brésil, essai sur l’exotisme littéraire, 2007), une anthologie (Le Voyage au Brésil, coll. Bouquins, 2014) et de nombreux articles. Il est membre associé du CRILUS (Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les mondes lusophones, Université de Paris-Ouest-Nanterre) et membre du comité de rédaction de la revue www.pluralpluriel.org.

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