Les hommes, objets d’un discours ambivalent dans les écrits de Mme de Maintenon

DOI : 10.56078/atlantide.658

Abstracts

Inverser les perspectives de manière à étudier le regard porté par les femmes sur le monde, et non plus celui que l’on porte sur elles, se révèle particulièrement intéressant dans le cas de Mme de Maintenon, figure historique énigmatique que l’on a vainement cherché à comprendre grâce à la vision que ses contemporains avaient d’elle, quand, au contraire, son propre point de vue, auquel une vaste correspondance nous donne accès, révèle une personnalité riche, loin des stéréotypes. Nous nous proposons donc de prendre un chemin de traverse, de suivre le regard que l’épistolière porte sur l’autre sexe en nous demandant si, paradoxalement, cette voie ne permettrait pas de mieux approcher la complexité de la marquise. L’œuvre épistolaire de Mme de Maintenon est particulièrement intéressante en ce qu’elle permet de confronter ses déclarations officielles, qui vantent la supériorité des hommes, et les actions d’une épistolière qui tend plutôt à leur faire la leçon. Or, la manière dont Mme de Maintenon se situe par rapport aux hommes en dit long sur la façon dont elle conçoit sa place dans le monde.

Thinking of women as subjects with their own vision of the world, instead of studying the way men look at them is particularly interesting in the case of Mme de Maintenon. Mme de Maintenon is indeed an historical figure, who was too often introduced through the eyes of others. However, the point of view of the marchioness herself reveals a richer character, that contrasts with many stereotypes. We endeavour to take a different way, following the gaze of Mme de Maintenon upon men, asking ourselves if it’s not a better way to grasp her complexity. Her epistolary work is particularly interesting, because it allows to confront official statements, in which the marchioness states the superiority of men, to her actions, since she reveals herself much more combative than the submissive image she gives. That’s why the way she depicts men informs us about the vision of her place in society.

Plan

Full text

Nombreuses sont les images de Mme de Maintenon : à l’écrit comme à l’écran, dans le cadre de la fiction comme dans celui de la recherche historique, on s’échine depuis trois siècles à saisir cette personnalité mystérieuse, à collecter les témoignages, souvent contradictoires, qui pourraient nous permettre de comprendre cette « bergère » devenue reine. Alexandre Maral (2011, p. 6) commence ainsi sa biographie de la marquise en soulignant « le danger de voir fabriquer un personnage qui n’a jamais existé ». Le destin fascinant de Françoise d’Aubigné, demoiselle pauvre, veuve de poète, épouse de roi, a suscité de nombreuses quêtes afin de déterminer quelle serait la façon adéquate de considérer le personnage, entre hagiographie et blâme. Cependant, ces démarches tendent à considérer la marquise comme l’objet de discours et non un sujet en produisant, biais du regard dont souffrent couramment les femmes. Saintes ou sorcières, objets d’un discours épidictique, les femmes sont ainsi souvent reléguées au rang d’images fixes qu’il s’agirait d’interpréter, et non de sujets mouvants, plus complexes, dont on étudierait les actions et la pensée. Au lieu de s’interroger sur l’identité de Mme de Maintenon, de rassembler les témoignages épars sur sa personnalité, on pourrait donc plutôt se questionner sur la manière dont elle juge et observe ses contemporains. L’importante correspondance de Mme de Maintenon offre en effet la possibilité de l’étudier en tant que sujet, de découvrir son regard sur le monde, sans pour autant constituer le satisfaisant autoportrait qu’aurait pu espérer le lecteur moderne, la marquise se prenant assez peu pour objet de ses considérations. Ses lettres ont souvent contribué à l’histoire des femmes, alors que l’on cherchait à retracer l’évolution du regard porté sur elles afin de comprendre leur cheminement vers une émancipation. Dans ce cadre, Mme de Maintenon fait généralement figure d’antiféministe. Cependant, se servir de ses lettres uniquement pour étudier l’histoire des femmes nous paraît à nouveau relever d’un biais critique. De fait, les lettres de la marquise proposent également un discours sur les hommes, trop peu étudié, qui, pourtant, fournit un contre-point nécessaire pour comprendre, d’une part, son point de vue sur les femmes, d’autre part, pour enrichir notre perception de l’épistolière elle-même, qui révèle dans l’ensemble de ses textes une pensée peu univoque. Que révèle le regard de Mme de Maintenon sur les hommes au sujet de sa vision du monde et de sa pensée personnelles ? Pour répondre à ce questionnement, on étudiera principalement la correspondance de la marquise, qui présente l’intérêt d’une écriture quotidienne, évoluant au fil du temps et enrichie par son adaptation au destinataire. Toutefois, pour saisir la particularité de cette parole, on la confrontera à ses textes éducatifs1 qui contrastent par leur univocité et leur rigidité statutaire. Nous nous interrogerons d’abord sur les éclairages que peut apporter la confrontation de ces deux types de textes. Puis, on se demandera comment le regard que porte Mme de Maintenon sur les hommes influence son attitude envers eux lorsqu’elle leur écrit. Enfin, on s’intéressera au point de vue de Mme de Maintenon sur Louis XIV, figure masculine assez complexe dans la correspondance de la marquise.

1. Des hommes et des femmes : le regard ambivalent de Mme de maintenon

1.1. L’éloge des hommes en « terre conquise »

Mme de Maintenon semble à première vue souscrire aux préjugés misogynes à l’égard de l’intellect des femmes. « Notre sexe », écrit-elle, « est curieux et léger » (Maintenon, 2010, à Mme de Fontaines, 6 octobre 1694, p. 487-488), il a un « esprit faible » qui « flotte […] à tout vent de doctrine » (Maintenon, 2010, à Bossuet, 10 février 1695, p. 541). Au contraire, les hommes auraient « des esprits plus forts et plus solides » qui leur permettraient de se détacher des « détails et petites pratiques nécessaires pour occuper et contenter les femmes » (Maintenon, 2009, au Marquis de Montchevreuil, 23 décembre 1688, p. 776). En somme, le cerveau féminin serait mou, impressionnable, ce qui l’empêcherait de concevoir des abstractions. Selon Mme de Maintenon, la raison féminine comparée à celle des hommes comporterait des fragilités innées, fragilités qu’une bonne éducation pourrait contenir, mais pas détruire.

Notons toutefois que Mme de Maintenon utilise ces stéréotypes misogynes dans un contexte particulier, à des fins rhétoriques. Il s’agit pour elle de convaincre son destinataire de sa bonne foi notamment et de donner d’elle une image soumise et pieuse. Dans les exemples que nous avons relevés, l’esprit des femmes est représenté comme un faible drapeau suivant le sens du vent précisément dans une lettre où Mme de Maintenon cherche l’aide de Bossuet à propos de l’affaire du quiétisme. La mise en avant de ce préjugé par la marquise contribue à la distinguer de Mme Guyon. L’épistolière surjoue le personnage de la femme soumise, qui ne se permettrait jamais de réfléchir à la doctrine et de se mêler de théologie, afin de donner d’elle une image que son destinataire pourrait favorablement accueillir. Bossuet reproche en effet à Mme Guyon de s’être affranchie des limites imposées à son sexe, comme il l’explique dans une lettre adressée à la quiétiste :

Je ne prétends pas vous exclure d’écrire pour vos affaires, ni pour entretenir avec vos amis une correspondance de charité ; ce que je prétends, c’est l’exclusion de tout air de dogmatiser, ou d’enseigner. (Bossuet, 1909-1925, à Mme Guyon, 4 mars 1694, p. 164)

En s’étant intéressée à la doctrine, Mme Guyon a empiété sur le rôle des prêtres, sur leur mission apostolique, et c’est cette transgression qui lui est d’abord reprochée. Aussi, en se présentant comme une femme consciente des faiblesses féminines, faiblesses qui empêchent son sexe de participer à la mission apostolique, Mme de Maintenon s’érige en anti-Mme Guyon et donne d’elle une image favorable. Finalement, l’éloge des hommes ne correspond peut-être pas tant à une vision de l’autre sexe qu’à une négociation de son image. De même, la louange de l’esprit « fort » des hommes dans la lettre à Montchevreuil doit faire oublier au marquis qu’une femme se permet de lui faire la leçon. Dans cette lettre, Mme de Maintenon s’oriente vers la mission apostolique du prêtre. Cela peut expliquer qu’elle ressente le besoin d’afficher la faiblesse des femmes, afin de ne pas paraître trop présomptueuse, de ne pas se rapprocher du pire type de « femme savante » : la théologienne. En outre, l’éloge du sexe du destinataire s’inscrit dans une pédagogie douce, toujours pratiquée par Mme de Maintenon, qui encourage son élève par la louange, plutôt que de s’appesantir sur ses défauts.

Par conséquent, Mme de Maintenon présente le plus souvent les hommes comme un sexe supérieur, lorsqu’elle écrit… à des hommes, particulièrement des prêtres. La référence au sexe fort correspondrait à la vision pragmatique du monde qu’a la marquise, qui préfère s’adapter aux préjugés de son époque pour les utiliser à son avantage, plutôt que de tenter de les modifier en fonction de ses idéaux ou de son point de vue personnel. Il semble donc vain de chercher dans les lettres de la marquise une vision unifiée des hommes.

1.2.  L’éloge des hommes, pour mieux critiquer les femmes

L’éloge des hommes constitue ainsi pour la marquise un outil de séduction de ses destinataires masculins. Faut-il en ce cas chercher des réponses dans ses lettres adressées aux femmes qui, parce qu’elles sont écrites à des personnes du même sexe, seraient plus sincères ? Il semble au contraire qu’il faille se garder de cette orientation. Mme de Maintenon fait en réalité souvent appel à des préjugés misogynes pour justifier ses critiques à l’égard d’individus particuliers. Dans ses lettres, elle reprend ainsi souvent l’idée traditionnelle d’une « soumission naturelle » de la femme lorsqu’elle écrit aux Dames de Saint-Louis. Il est en effet crucial pour la fondatrice de Saint-Cyr de maintenir ses Dames dans une soumission irréprochable, afin de parfaire sa propre image de fondatrice vertueuse. En plein épisode quiétiste, elle blâme ainsi les Dames de Saint-Louis d’être même moins obéissantes que les hommes :

Cependant, les hommes sont moins opposés à l’obéissance que les femmes et entre les personnes du sexe les religieuses sont les plus indépendantes. Dieu leur a donné des supérieurs comme à tous les fidèles, elles en augmentent le nombre par les vœux qu’elles font, et dès qu’ils sont faits, elles ne songent plus qu’à se soustraire à l’obéissance. Un supérieur qui veut s’acquitter de son devoir en visitant un couvent le révolte tout entier, les libertines lui manquent de respect ouvertement et sa visite devient le sujet de la raillerie des conversations ; les plus sages gardent un respect apparent, mais elles lui cachent tout ce qu’elles peuvent lui cacher. (Maintenon, 2010, aux Dames de Saint-Louis, 25 octobre 1694, p. 508-509)

Tantôt « tyranniques » (Maintenon, 2009, à Charles d’Aubigné, 25 juin 1684, p. 532), possédant un esprit « plus fort et plus solide » (Maintenon, 2009, au marquis de Montchevreuil, 23 septembre 1688, p. 776) que les femmes, les hommes sont ici paradoxalement plus obéissants. Il ne faut pas vraiment y voir une contradiction de fond de la marquise, mais plutôt la marque de son adaptation à ses destinataires. Les religieuses de Saint-Cyr la mécontentant par leur attirance pour le quiétisme, elle fait la satire des femmes, particulièrement des sœurs, qui, en désobéissant aux hommes, désobéissent doublement à Dieu, puisqu’elles remettent en cause et la soumission prescrites aux femmes et le vœu d’obéissance promis par les religieuses. La diatribe s’appuie sur deux contre-modèles — les libertines et « les plus sages » — qui, finalement, se réduisent à une même insoumission intérieure, déguisée ou non à l’extérieur.

En somme, Mme de Maintenon proclame régulièrement une vision positive des hommes et une vision négative des femmes, mais à des fins rhétoriques, pour convaincre ou persuader un destinataire, ce qui ne doit pas nous conduire à souscrire automatiquement à ces points de vue, au caractère plus officiel que personnel.

1.3.  Le vrai visage du « prince charmant » : un enjeu éducatif2

Par ailleurs, un autre discours « officiel » parcourt la correspondance, et, plus globalement, l’ensemble de l’œuvre de Mme de Maintenon. Pour la marquise, fondatrice de Saint-Cyr, école destinée, notamment, à la formation de futures mères de famille, les hommes sont avant tout pensés comme des maris. Or, pour elle, le mari est tyrannique. Ce thème, fortement présent dans son œuvre, vise vraisemblablement à amoindrir les espoirs de jeunes élèves qui, lassées des contraintes de l’école, pourraient rêver d’une liberté trouvée dans le mariage. Au contraire, on peut lire dans un entretien avec les Demoiselles de la classe bleue qu’une religieuse a plus de chances d’être heureuse qu’une femme mariée :

– Hélas ! Madame, dit une maîtresse, nous pouvons bien dire que nous ne souffrons rien, nous autres religieuses.

– Assurément, reprit Mme de Maintenon, et nous n’avons pas tort quand nous disons à ces Demoiselles que le mariage a de grandes peines. Saint Paul en avertit les chrétiens de son temps, et leur dit que les personnes mariées souffriront les afflictions de la chair. Encore, poursuivit-elle, si tous les maris étaient comme celui dont nous venons de parler, car, comme il n’était pas chez lui, au moins sa femme était libre dans sa chambre ; mais il s’en faut bien. La plupart reviennent souvent plus d’une fois dans la journée, et ils reviennent en faisant toujours sentir qu’ils sont les maîtres ; ils entrent en faisant un bruit désespéré, souvent avec je ne sais combien d’autres hommes ; ils vous amènent des chiens qui gâtent tous les meubles ; il faut qu’une femme le souffre : elle n’est pas la maîtresse de fermer une fenêtre ; si son mari revient tard, il faut qu’elle l’attende pour se coucher ; il la fait dîner quand il lui plaît ; enfin, elle n’est comptée pour rien. (Maintenon, 1998, « Instruction aux Demoiselles de la classe bleue », p. 294-296)

Le mariage soumet la femme à une obéissance constante : elle doit accepter toutes les lubies de son mari et n’est pas même « maîtresse de fermer une fenêtre », référence vraisemblable à la frilosité de la marquise, peu ménagée par un royal époux amoureux du grand air. Ainsi, dans ses Proverbes, Mme de Maintenon avertit ses élèves des désillusions au-devant desquelles elles courent en se représentant le mariage comme un état de liberté. Étroitement surveillées, menant une vie très réglée, les Demoiselles de Saint-Cyr pouvaient considérer ces contraintes comme le signe d’une dépendance enfantine que le passage à l’âge adulte dissiperait. La conversation « Sur la contrainte » dépeint ainsi une jeune fille s’imaginant goûter enfin la liberté après Saint-Cyr. Ses compagnes la corrigent en lui montrant que c’est au contraire à Saint-Cyr qu’elle bénéficie d’une réelle liberté3. En mettant en scène des personnages plus variés, les Proverbes permettent de représenter différentes situations dans lesquelles une femme peut perdre sa liberté dans le mariage. Ainsi, le proverbe 35, cruellement intitulé « Où la chèvre est liée, il faut qu’elle broute », raconte l’histoire de Mme de Mercour, jeune femme pensant jouir d’une grande liberté grâce à son mariage imminent avec un homme riche. Mais peu après la cérémonie, le nouveau mari se révèle tyrannique. Mme de Mercour demande alors l’aide de son amie, Mme de Neufchatel, qui ne peut que lui rappeler l’aspect définitif de son engagement : « Il est le maître ; les lois sont contre vous, et vous n’avez point d’autre parti à prendre qu’à vouloir ce qui lui plaira » (Maintenon, 2014, p. 293). Face à ces hommes tyranniques, Mme de Maintenon s’efforce d’amoindrir le choc de la désillusion que pourraient subir les jeunes épouses en ne faisant jamais passer le mariage, même heureux, pour un conte de fée. Les textes dramatiques de la marquise semblent donc, pour toute réponse, préparer les Demoiselles à une dure réalité, éventuellement leur permettre de faire un choix éclairé. Ils rencontrent ainsi un cliché de la littérature contemporaine voulant que le fiancé-prince charmant se transforme peu après le mariage en un crapaud-époux tyrannique. Bussy-Rabutin l’évoque à l’occasion du mariage de sa fille :

Tous les commencements sont beaux. Les maris sont encore amants au bout de six semaines. Cela ne va que du plus au moins ; mais enfin les plus honnêtes, au bout d’un an seulement, sont des maîtres. (Bussy-Rabutin dans Sévigné, 1975, p. 200)

Mais de la plaisanterie à la réalité, il n’y a qu’un pas : la lettre de Bussy recouvre un état de fait bien réel que Mme de Maintenon s’efforce parfois de corriger chez ses proches.

2.  De la théorie à la réalité : existe-t-il des maris « honnêtes » ?

2.1.  « Les hommes font et défont les maisons »

Alors même qu’elle enseigne aux Demoiselles, dans la lignée fénelonienne, que « les femmes font et défont les maisons » (Maintenon, 2014, p. 334), Mme de Maintenon semble plutôt persuadée du contraire concernant les hommes de sa propre famille. Il faut dire que Charles, son frère, est particulièrement dépensier. Aussi, alors qu’un projet d’union avec une Demoiselle se dessine en 1677, la marquise décide de le sermonner :

Elle [la fiancée] m’a dit que vous aviez perdu au jeu, l’hiver passé, 12 ou 14 000 francs. J’espère que vous ne jouerez plus, si vous l’épousez, et je vous crois trop honnête homme pour vouloir vous marier dans le dessein de mettre une femme et des enfants à l’hôpital. […] Au nom de Dieu, réglez-vous et établissez de quoi passer votre vieillesse tranquillement. Je vous le dis, sans autre intérêt que le vôtre. Répondez-moi bien positivement sur ce mariage. Il faudrait avoir la justice que, ne pouvant assurer le douaire, que vous la laissassiez maîtresse de son bien. Il est vraisemblable que vous serez son maître, ainsi vous feriez une honnêteté qui ne vous coûterait guère. (Maintenon, 2009, à Charles d’Aubigné, 26 octobre 1677, p. 244-245)

Dans cette lettre de remontrances, l’épistolière exhorte son frère aîné à la fois à opter pour une meilleure gestion de son argent, afin d’assurer sa vieillesse, et à se montrer un mari « honnête », ce qui consiste, selon elle, à ne pas ruiner sa future épouse. Celle-ci doit en effet lui apporter, selon la même lettre, entre cent mille et cent-vingt mille francs, et, malgré l’importance de la somme, Mme de Maintenon perçoit bien que, compte tenu de la manière de vivre de son frère, la dot risque de ne pas faire long feu. L’épistolière l’engage donc à réformer son train de vie, mais également à pousser l’honnêteté jusqu’à laisser une marge d’indépendance financière à l’épouse. La marquise combat également l’inclination à la dépense d’un autre de ses proches, son cousin de Villette, là encore pour qu’il ne ruine pas sa famille :

Je souhaite de tout mon cœur que vous le soyez assez [sage] pour réduire votre dépense au projet de recette que vous avez fait et que par là vous épargniez quelque chose pour vos deux Sophie, qui ne doivent pas souffrir de leur désintéressement. (Maintenon, 2011a, au marquis de Villette, 24 avril 1698, p. 70)

Les « deux Sophie » sont la nouvelle épouse du marquis, surnommée « Sophie » en raison de sa sagesse, et leur fille, prénommée Sophie qui, selon toute vraisemblance, doivent lui survivre, Philippe de Villette s’étant remarié en 1695, à soixante-trois ans, avec une ancienne Demoiselle de Saint-Cyr alors âgée de vingt ans. La sympathie qu’éprouve toute sa vie l’épistolière pour son ancienne élève et désormais cousine l’engage vraisemblablement à plaider pour la sécurité financière de la jeune femme et de sa fille. Le bon caractère, issu de la bonne éducation qu’elle a reçue, de la jeune Mme de Villette, aussi désintéressée que sa fille qui aurait dit, chose admirable pour son jeune âge, qu’elle « ne se soucie pas d’avoir des terres » (Maintenon, 2011a, p. 70), poussent donc Mme de Maintenon à faire de son cousin le seul responsable des imprudences financières commises. L’honnête mari recherché et promu par la marquise met donc sa famille à l’abri du besoin, d’autant plus facilement que les Demoiselles de Saint-Cyr sont des femmes capables, et que la ruine des maisons ne pourrait venir d’elles selon leur institutrice. Apportant en dot des capacités utiles à leurs maris, les Demoiselles de Saint-Cyr n’ont donc plus qu’à trouver un époux « honnête », qui sache à la fois leur déléguer des tâches au sein du ménage et ne pas dilapider l’argent.

2.2.  Avec les privilèges viennent de grandes responsabilités

Cette lettre de remontrances » nous oriente également vers une autre condition du mariage harmonieux selon la marquise : la femme n’est pas la seule responsable de la bonne entente des époux. Certes, c’est à elle d’être complaisante :

Vous n’avez à présent que deux choses à faire, Madame, servir Dieu et contenter votre mari. Ayez pour lui toutes les complaisances qu’il exigera ; entrez dans toutes ses fantaisies autant que cela n’offensera pas Dieu. (Maintenon, 2011a, à Mlle d’Osmont, 24 février 1705, p. 580)

Néanmoins, les bons maris sont, selon la marquise, les hommes suffisamment honnêtes pour chercher à bien vivre avec leur épouse, et non à les « tyranniser ». Même dans le cas d’une femme qu’elle apprécie et estime peu, sa belle-sœur, Mme de Maintenon se montre capable de juger lucidement l’attitude de son frère et de prendre la défense de Mme d’Aubigné dans une sorte de solidarité féminine :

Les hommes, avec votre permission, sont un peu tyranniques ; ils aiment toutes sortes de libertés et n’en laissent aucune. Ils enferment pendant qu’ils courent, et croient une femme trop heureuse de les recevoir quand il leur plaît de revenir. Cela est hasardeux avec la plupart et imprudent avec toutes. Vous les trouvez de très mauvaise humeur, quand elles se sont ennuyées tout le jour, et pour moi, je ne songerais pas à divertir celui qui n’aurait nulle attention à mon divertissement. Votre femme est d’une vertu et d’une soumission, de l’aveu de tout le monde, qui devrait vous obliger à toutes sortes de complaisances. Essayez de mes conseils, mon cher frère ; comme j’ai été plus dans le monde que vous, j’ai plus d’expérience et j’ai tant connu le fonds de plusieurs familles que je sais très bien comme il faudrait vivre, les uns avec les autres, pour avoir la paix. (Maintenon, 2009, à Charles d’Aubigné, 25 juin 1684, p. 532-533)

Alors que Charles a dû une nouvelle fois se plaindre de son épouse — lui qui l’a épousée sur un coup de tête pour s’en repentir peu de temps après —, Mme de Maintenon répond, non en abondant dans son sens, mais au contraire en prenant la défense d’une femme qui, certes, n’est pas parfaite, mais du moins dont Charles n’a pas à se plaindre. Mme d’Aubigné est vertueuse et soumise, son époux devrait s’en contenter. En outre, par une sorte de discours pédagogique sur le mariage, Mme de Maintenon souligne la responsabilité que porte Charles dans leur mésentente. Plus âgé, plus intelligent, c’est à lui de faire preuve de complaisance pour son épouse, et de veiller à la rendre plus heureuse en lui ménageant des « plaisirs honnêtes ». Or, Charles, comme beaucoup d’hommes, ne remplit pas son rôle et commande sans donner l’exemple. Faisant preuve d’empathie, Mme de Maintenon affirme même qu’il est « imprudent » de délaisser ainsi son épouse, lui donnant de bonnes raisons d’entretenir un grief à son encontre. En définitive, la marquise promeut une meilleure compréhension des époux afin de leur rendre la vie plus agréable. Les complaisances doivent donc aller dans les deux sens, et les meilleurs mariages sont ceux où les deux époux savent se montrer honnêtes l’un envers l’autre.

3.  Le roi : un homme comme les autres ?

3.1.  L’image du mari tyran, ou comment forger une image de soi

Les hommes sont « tyranniques » (Maintenon, 2009, p. 533) avec leurs épouses, jugeait Mme de Maintenon à propos de son frère. De fait, la correspondance de la marquise témoigne des bouleversements de ses projets causés par les demandes du roi :

J’avais pris médecine hier en montant en carrosse pour Saint-Cyr ; je me suis mise au lit en y arrivant, il y avait trois ou quatre mois que cela ne m’était arrivé. Le Roi ne put sortir, il fallut revenir. Je le trouvai disposé à jouer ; Mme de Dangeau n’y était pas, je passai donc ma soirée assez sérieusement et avec la colique. […] je voudrais vous voir en arrivant ce soir, je ne crois point y parvenir car selon toutes les apparences, le Roi ne pourra pas sortir. […] Je suis née pour l’esclavage. (Maintenon, 2013, à Mme de Caylus, 14 mars 1711, p. 154-155)

Ne réussissant pas à trouver, en l’espace de quatre mois, un moment pour se purger, Mme de Maintenon se peint, avec quelque autodérision, incapable d’organiser ses journées comme elle le souhaiterait, au point de ne pouvoir demeurer dans son lit alors qu’elle souffre d’une colique. Mme de Maintenon est souvent obligée de changer ses plans quand le roi « ne peut sortir », c’est-à-dire ne peut occuper son temps libre en se promenant dans ses jardins. Deux raisons principales peuvent l’en empêcher : d’une part une grave crise de goutte — le roi continuant à se promener en chaise roulante si la douleur n’est pas trop forte —, d’autre part le mauvais temps. Elle explique ainsi au cardinal de Noailles n’être pas libre de ses mouvements en raison de la pluie : « Le mauvais temps fait que le Roi est toujours chez moi et ainsi je ne puis en sortir » (Mme de Maintenon, 2011a, à M. de Noailles, 24 septembre 1704, p. 530). Parmi les rares lettres de Louis XIV à son épouse que nous ayons conservées, nombreux sont les billets la prévenant de ses visites pour cette raison. Lorsqu’il est malade, le souverain tient de surcroît particulièrement à sa présence :

La goutte m’a empêché de dormir, je marche avec peine et je suis dans ma chaise. Je suis aussi enrhumé, je ne sortirai point. Je crois que je pourrai avoir quelques affaires qui m’amuseront jusqu’à 4 heures ; si vous voulez revenir dans ce temps-là, vous me ferez plaisir, Louis. (Maintenon, 2016, Louis XIV à Mme de Maintenon, août 1693, p. 346)

Toujours poli, le roi lui demande donc de revenir de Saint-Cyr, où elle fuit presque quotidiennement la cour, à une heure donnée. Cependant, les allusions régulières de la marquise aux bouleversements que subit son emploi du temps construisent une image d’elle en victime ayant voué son temps et sa santé à son époux. Ainsi, l’amour de la symétrie de Louis XIV attire à la marquise bien des rhumes :

Nous allons pourtant à Fontainebleau, où j’ai encore un très bel appartement, mais sujet au même froid et au même chaud [qu’à Rambouillet], y ayant une fenêtre de la grandeur des plus grandes arcades, où il n’y a ni volet, ni châssis, ni contrevent, parce que la symétrie en serait choquée. Ma solidité a quelque chose à souffrir ainsi que ma santé, de vivre avec des gens qui ne veulent que paraître et qui se logent comme des divinités ; la seule consolation qu’on en peut tirer, et qui n’est pas petite, c’est qu’il n’y a rien qui incommode le Roi, et que, jugeant d’autrui par lui-même, il loge les personnes qu’il honore de ses visites et de son amitié comme il se loge lui-même. (Maintenon, 2013, à Mme des Ursins, 23 juillet 1713, p. 647-648)

Simple mortelle face à la santé surhumaine du roi, la marquise souffre d’avoir à vivre dans des demeures disproportionnées avec sa propre faiblesse. Comme elle l’écrit également à Mme des Ursins, lorsque le roi lui refuse le paravent qui l’aurait protégée du vent : « il faut périr en symétrie » (Maintenon, 2013, à Mme des Ursins, 18 septembre 1713, p. 689). Cette vision du roi en « tyran galant » permet surtout à l’épistolière de construire une image d’elle-même en victime, qui participerait de la construction de sa légende dorée d’épouse dévouée. En effet, le point de vue porté sur le roi dans la correspondance permet surtout à l’épistolière de construire sa propre identité.

3.2.  Le roi sanctifié

La tactique que la marquise recommande aux Demoiselles avec leur époux, et qu’elle emploie elle-même avec le roi, mêle patience et douceur afin d’obtenir un meilleur résultat, comme avec les enfants. Elle explique sa stratégie dans une lettre à M. de Noailles peu après son accession à l’archevêché de Paris :

Voici une lettre qu’on lui a écrite il y a deux ou trois ans. Il faudra me la rendre ; elle est bien faite, mais de telles vérités ne peuvent le ramener, elles l’irritent ou le découragent ; il ne faut ni l’un ni l’autre, mais le conduire doucement où l’on veut le mener. (Maintenon, 2010, à M. de Noailles, 21 décembre 1695, p. 631)

La lettre mentionnée, celle de Fénelon au roi, serait, selon Jean Orcibal, véritablement adressée à Mme de Maintenon afin qu’elle influence son époux (Fénelon, 1983, p. 543-551). Cependant, la missive emploie une pédagogie inadéquate qui « irrite ou décourage » et n’a finalement aucun effet sur le cœur du roi. Au contraire, Mme de Maintenon applique une pédagogie adaptée, menant son époux-élève sur le chemin de la conversion :

C’est mal nommer ce qui s’est passé entre le Roi et moi, la veille qu’il fit ses dévotions, que de l’appeler conversation, car je ne pus jamais le faire parler. Je lui contai quelque chose de saint Augustin qu’il écouta avec plaisir, sur cela je pris occasion de lui dire que je ne comprenais pas pourquoi il ne voulait jamais que nous fissions quelque lecture qui l’instruirait et même le divertirait et que je croyais que le Père de La Chaise s’y opposait. Il me dit qu’il ne lui en parlait point et qu’au contraire il le lui avait proposé. Je répliquai que j’avais peine à le croire quand je pensais que je l’avais vu me presser de lui lire des écrits de M. de Fénelon, en lire de saint François de Sales, prier avec moi et être si touché qu’il voulait faire et fit en effet une confession générale ; que tout cela était tombé en 24 heures et que depuis il ne me disait pas un mot sur la dévotion. Il me répondit pour toute chose, qu’il n’était pas un homme de suite ; voulant dire qu’il ne suivait rien. (Maintenon, 2010, à M. de Noailles, 27 décembre 1695, p. 634)

La marquise cherche à éduquer son époux et à davantage le tourner vers Dieu en conjuguant douceur et insinuation. Il s’agit pour elle de lui faire aimer la piété, de l’amener à former davantage son intérieur. L’époux est donc perçu comme un élève, quelque peu récalcitrant, qu’il s’agit de mener patiemment au salut. L’entreprise de conversion du roi par la marquise semble avoir porté ses fruits puisqu’elle déclare à son directeur de conscience, le curé de Saint-Sulpice, en 1715, quelques mois avant la mort de Louis XIV :

Je me doutais bien que vous seriez content du Roi. Il ne se peut rien ajouter à sa bonté. Il a beaucoup d’estime pour vous. Sa religion n’est pas extérieure et, quoi qu’il arrive, il vivra et mourra catholique, apostolique et romain. (Maintenon, 2011b, à Jean-Baptiste-Joseph Languet de Gergy, 24 février 1715, p. 300)

Après la mort, le roi semble sanctifié. Mme de Maintenon multiplie alors les proclamations au sujet de cette sainte mort, notamment auprès de ses amis :

Je voudrais de tout mon cœur, Madame, que votre état fût aussi heureux que le mien. J’ai vu mourir le Roi comme un saint et comme un héros. J’ai quitté le monde que je n’aimais pas, je suis dans la plus aimable retraite que je puisse désirer […]. (Maintenon, 2011b, à Mme des Ursins, 11 septembre 1715, p. 350)

Fagon, qui se retire également après la mort de Louis XIV se voit adresser une lettre similaire :

Ma retraite est très aimable. J’ai vu mourir le Roi comme un saint, c’est ce que j’avais toujours désiré. J’ai quitté le monde que vous savez que je n’aimais pas ; ma vie sera courte et je ne me trouve point à plaindre. Ma santé commence à se rétablir, et je me trouve bien de mon nouveau régime. (Maintenon, 2011b, à M. Fagon, 18 septembre 1715, p. 355)

Une fois sa « mission » accomplie — assurer le salut du roi — la marquise se présente comme une servante du souverain ayant achevé son service, de même que Fagon. Médecin du corps et médecin de l’âme du roi, ils peuvent donc prendre leur retraite. Ces lettres qui soulignent l’accomplissement par le roi de sa destinée sacrée sont, encore une fois, l’occasion de mettre en lumière l’action de la marquise et sa grande réussite. Si le roi n’est pas un homme comme les autres, son épouse s’est haussée au-dessus des autres femmes. La vision des hommes dans la correspondance de Mme de Maintenon est donc étroitement corrélée, d’une part, à celle des femmes, et, d’autre part, à l’image que Mme de Maintenon a d’elle-même, ou du moins, souhaite construire d’elle-même.

La correspondance de Mme de Maintenon témoigne donc d’une vision des hommes assez courante à son époque, en les dépeignant avant tout comme des maris-tyrans. Cependant, la marquise fait preuve d’originalité par la force pragmatique de ce thème dans son œuvre. En effet, il ne s’agit pas ici d’un motif de plaisanterie ou d’un topos romanesque. Mme de Maintenon emploie cette image comme un avertissement de manière à responsabiliser les Demoiselles et à leur permettre de choisir leur état en connaissance de cause. Le discours est à ce point négatif, qu’il peut expliquer que beaucoup de Saint-Cyriennes aient préféré la vie religieuse4. Il nous permet cependant d’infléchir l’image donnée de Mme de Maintenon dans plusieurs ouvrages d’histoire des femmes qui tendent à la ranger au rang des antiféministes en raison de sévères déclarations sur son sexe (par exemple Timmermans, 2005, p. 356). Or, ces déclarations sont produites dans des contextes précis, en particulier lorsqu’il s’agit de réprimander les Dames de Saint-Louis pour leur trop grande liberté religieuse, ou quand Mme de Maintenon souhaite donner d’elle-même une image soumise et pieuse. Il faut donc particulièrement se méfier des déclarations de la marquise, qui, sans être misogynes, sont pour le moins pessimistes. Certes, Mme de Maintenon avertit ses Demoiselles des dangers du mariage, cependant, au sein de sa famille, elle ne demeure pas passive. Au contraire, elle intervient auprès de ses proches afin de prendre la défense de leurs épouses et filles en essayant d’en faire de meilleurs époux. Même lorsqu’il s’agit de sa belle-sœur, qu’elle n’apprécie guère, Mme de Maintenon fait preuve d’une solidarité féminine assez surprenante, révélant que, d’après ses observations, les hommes sont autant responsables que les femmes dans les malheurs conjugaux. On est alors tenté d’examiner le dernier mariage de la marquise. Le roi est en effet observé de façon ambivalente. D’un côté, il est homme, et, de ce fait, tyrannise — fort galamment toutefois — son épouse à coup de fenêtres ouvertes et billets commandant un prompt retour auprès de lui à la moindre contrariété — pluie ou maladie. De l’autre, la personne du roi est sacrée, et accomplit au fil des lettres de la marquise une destinée hors de commun. Cette vision ambivalente du roi permet surtout à la marquise de construire une image d’elle, de réinventer son histoire : aimable victime soumise aux caprices de son époux, elle a pu s’insinuer dans son esprit avec douceur afin de le mener à la conversion, et ainsi constituer un adjuvant essentiel dans l’élévation spirituelle de cet élu de Dieu. Le discours de Mme de Maintenon se révèle donc particulièrement complexe, mêlant l’affirmation d’un point de vue singulier et la réutilisation de topoï participant de l’écriture de son histoire. Le point de vue de la marquise sur les hommes n’est pas innocent, son affirmation a toujours un but argumentatif qu’il convient d’examiner, en prêtant notamment attention à la période où a été écrite la lettre et à son destinataire. Cependant, malgré ces difficultés, le discours que tient la marquise sur les hommes permet de proposer une autre appréhension de l’épistolière, de contempler la complexité d’un sujet agissant dans le monde, et de dépasser les regards simplificateurs l’assignant à une image fixe qu’elle a contribué à créer.

Bibliography

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Maintenon Françoise d’Aubigné marquise de (2009), Lettres de Madame de Maintenon, Volume I (1650-1689), Hans Bots et Eugénie Bots-Estourgie (éd.), préface de Marc Fumaroli et introduction de Hans Bots et Christine Mongenot, Paris, H. Champion, coll. « Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux ».

Maintenon Françoise d’Aubigné marquise de (2010), Lettres de Madame de Maintenon, Volume II (1690-1697), Hans Bots et Eugénie Bots-Estourgie (éd.), Paris, H. Champion, coll. « Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux ».

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Maintenon Françoise d’Aubigné marquise de (2013), Lettres de Madame de Maintenon, Volume V (1711-1713), Christine Mongenot (éd.), Paris, H. Champion, coll. « Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux ».

Maintenon Françoise d’Aubigné marquise de (2011b), Lettres de Madame de Maintenon, Volume VI (1714-1719), Jan Schillings (éd.), Paris, H. Champion, coll. « Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux ».

Maintenon Françoise d’Aubigné marquise de (2016), Lettres à Madame de Maintenon, Volume VIII (1651-1706), Hans Bots, Eugénie Bots-Estourgie et Catherine Hémon-Fabre (éd.), Paris, H. Champion, coll. « Bibliothèque des correspondances, mémoires et journaux ».

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Maintenon Françoise d’Aubigné marquise de (2011c), Les Loisirs de Mme de Maintenon, Constant Venesoen (éd.), Paris, Classiques Garnier.

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MONGENOT Christine (2012), « Jeunes filles du XVIIe siècle pour jeunes lectrices d’aujourd’hui, ou la fabrique du féminin en littérature de jeunesse », Papers on French seventeenth century literature, vol. 39 (77).

MONGENOT Christine et PLAGNOL-DIÉVAL Marie-Emmanuelle (dir.) (2013), Mme de Maintenon : une femme de lettres, Rennes, Presses universitaires de Rennes.

Picco Dominique (2008), « Des Méridionales à la cour : l’exemple des demoiselles de Saint‑Cyr (1686‑1793) », Bulletin du Centre de recherche du château de Versailles.

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Sévigné Marie de Rabutin-Chantal de (1975), Correspondance, Tome II, Roger Duchêne (éd.), Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade ».

TIMMERMANS Linda (2005), L’Accès des femmes à la culture sous l’Ancien Régime, Paris, H. Champion.

Notes

1 Nous nous référerons en particulier aux Proverbes dramatiques de Mme de Maintenon (2014) ainsi qu’à ses Entretiens rassemblés dans Comment la sagesse vient aux filles (1998).

2 Voir Mongenot, 2012 et Plagnol-Diéval, 1994.

3 « Mlle Auguste : Je croyais qu’on n’était contrainte que dans l’enfance, ou dans un Couvent. / Mlle Hortense : Vous verrez un jour, Mademoiselle, que ce temps-là a été le plus heureux et le plus libre de toute votre vie. » (Maintenon, 2011c, p. 84)

4 L’étude de Dominique Picco (2008) a établi que l’objectif initial de former des mères de famille avait peu ou prou essuyé un échec, un grand nombre de Demoiselles étant devenues religieuses. La faiblesse de la dot, 3000 livres — bien assez pour rentrer dans un bon couvent, mais bien peu pour se marier — et la clôture de Saint-Cyr où l’on préparait pragmatiquement les jeunes filles au mariage en leur martelant que cet état n’avait rien d’un conte de fée, peuvent expliquer ce déséquilibre. Sur les 3 155 Demoiselles ayant fréquenté l’école, le destin de 1 887, soit 60 % d’entre elles, est connu. Or, elles sont, sur l’ensemble de la période, 28 % à se marier et 31 % à entrer en religion. Les autres sont mortes à l’école (22 %), ou après leur sortie (9 %) sont restées célibataires ou devenues chanoinesses (respectivement 4 %).

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Electronic reference

Anne Boiron, « Les hommes, objets d’un discours ambivalent dans les écrits de Mme de Maintenon », Atlantide [Online], 12 | 2021, uploaded on 01 July 2021, accessed on 09 October 2025. URL : https://atlantide.pergola-publications.fr/index.php?id=658

Author

Anne Boiron

Ancienne élève de l’École normale supérieure de Lyon, Anne Boiron a préparé à l’université de Nantes une thèse intitulée « Mme de Maintenon dans ses lettres, de l’éducation des filles à la découverte de soi », soutenue en décembre 2020. Elle est actuellement professeure agrégée de lettres modernes au lycée Le Corbusier, à Poissy.

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