La « rencontre » est un terme polysémique en moyen français, qui désigne aussi bien la mise en contact de deux ou de plusieurs personnes que toute forme de concomitance inattendue entre divers faits, ou diverses idées. Les études du présent volume mesurent toute l’importance de cette notion à la Renaissance, et d’abord par sa mise en relation avec des synonymes ou des équivalents en français et dans d’autres langues anciennes et modernes. Les contributions rassemblées portent sur des corpus divers : traductions humanistes (Olivier Guerrier), écrits historiographiques (Alicia Viaud), peinture (Florence Buttay), poésie (Louise Dehondt), roman (Romain Ménini, Nicolas Correard). Elles convergent pour montrer qu’en marge des cadres établis, en particulier du couple Fortune/Providence qui reste central dans la pensée de la Renaissance, cette époque cherche un nouveau lexique car elle teste de nouvelles manières de penser le rôle décisif de la contingence dans l’existence humaine : les périls de la vie militaire, qui passent par de multiples chocs de faible envergure, à l’issue peu prévisible, plus que par les batailles rangées ; les hasards de la rencontre galante, qui relativisent le mythe de la prédestination amoureuse ; le saisissement de la mort, cette surprise fatale et toujours recommencée… Autant de thèmes ou de scènes qui fascinent les écrivains et les artistes de la Renaissance. Même la vie des grands hommes s’avère tissée de hasards, reconnaissent les humanistes. Dès lors, ils expérimentent des nouveaux modèles, en particulier des modèles narratifs, permettant de raconter l’accident, l’opportunité, la découverte… en un mot la « rencontre ».

Rencontre” is a polysemic term in Middle French, which can designate a meeting of two or several people, but also any form of unexpected concomitance between several facts or ideas. The studies gathered in this volume show the importance of this notion in the Renaissance, first and foremost through its relation to synonyms and equivalents in French and other ancient and modern languages. The contributions cover a wide range of corpuses: humanist translations (Olivier Guerrier), historiographical writings (Alicia Viaud), painting (Florence Buttay), poetry (Louise Dehondt) and the novel (Romain Ménini, Nicolas Correard). They show that, in the margins of established frameworks—in particular the couple of notions Fortune/Providence which remained central to Renaissance thought—, this era was searching for a new lexicon because it was testing new ways of thinking about the decisive role of contingency in human existence: the perils of military life, with its many small-scale clashes and unpredictable outcomes, rather than pitched battles; the hazards of gallant encounters, which put the myth of predestined love into perspective; the shock of death, that fatal and ever-repeated surprise... So many themes and scenes that fascinated Renaissance writers and artists. Humanists recognized that even the lives of great men were woven together by chance. From then on, they experimented with new models, in particular narrative models, to tell the accidents, the opportunities, the discoveries... in a word, the “encounters”.

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